Il avait raconté, dans LeTélégramme, la vie à Tokyo après le séisme et le tsunami de mars dernier. Secrétaire général de l’association des Bretons du Japon, Jean-Philippe Audren a enfin retrouvé, pour quelques jours, sa Bretagne.
«Est-ce que je reverrai Brest?». Cette question, Jean-Philippe Audren avoue se l’être posée plusieurs fois après le terrible séisme du 11mars. «C’était l’apocalypse qui nous était prédite. Il nous restait 24heures, le coeur du réacteur allait exploser. On allait voir quelque chose qui n’avait pas de nom», se souvient le Breton de Tokyo. Le pire n’est, heureusement, pas arrivé mais c’est quand même avec un léger soulagement qu’en ce 15août ensoleillé Jean-Philippe et Akémi, son épouse, goûtent, assis à la table d’un café du port de plaisance de Brest, le grand plaisir d’être en Bretagne.
Un concert de Nolwenn Korbell
Ces retrouvailles avec sa région remplissent visiblement le Brestois de Tokyo de bonheur. Heureux, bien sûr, de retrouver la famille et heureux, comme il dit, d’entendre à nouveau le bruit du vent dans les mâts, de revoir Ouessant et Molène et d’assister à un concert de Nolwenn Korbell. C’est sans en rajouter que Jean-Philippe revient sur ces angoissantes journées de mars. Sur son iPhone, les photos de l’appartement sens dessus dessous témoignent pourtant de la force destructrice du séisme. Contrairement à de nombreux Français, le Breton de Tokyo n’a pas fui les répliques du séisme ni les menaces de radiations qui pesaient sur la capitale nippone. Pas question de laisser seule son épouse -une hôtesse de l’air- qui, elle, n’a jamais cessé de travailler. «Comme tous les Tokyoïtes, on a suivi les recommandations des autorités locales». Fatalisme des Japonais? «Non», répond Akémi qui rappelle simplement un proverbe japonais qui dit «qu’il ne faut pas rajouter de la douleur à la douleur».
«On se sent plus fort»
De cette épreuve, Jean-Philippe dit en sortir renforcé. «On se sent plus fort». Il ne cache pas non plus sa fierté d’avoir réussi, avec les cinquante membres de l’association des Bretons du Japon dont i
l est le secrétaire général, à organiser un concert de solidarité. «On n’a pas baissé les bras et les Japonais ont apprécié». 3.500euros ont été collectés et remis aux comités de pêche.
«La reconstruction sera longue et la situation de la centrale de Fukushima reste préoccupante», souligne Jean-Philippe pour qui cette catastrophe aura en tout cas changé le rapport qu’entretenaient les Japonais avec le nucléaire. Le mythe de la sûreté a sauté. «Aujourd’hui, les gens se disent: ça peut arriver. Il y a une pression de la population pour diminuer la part du nucléaire». Un plan solaire est en discussion. D’ici à 2030, tous les nouveaux bâtiments pourraient être équipés de panneaux solaires. À Tokyo, la vie a repris depuis longtemps son cours normal. «Contrairement à ce qui a été dit, il n’y a jamais eu de pénurie. On n’a manqué de rien». Des restrictions de l’éclairage et de l’air conditionné sont les seules mesures qui touchent encore directement la population. Mais dans une ville où la température atteint en été 30º à 36º, le jour et 28º la nuit, ce n’est pas rien. Une raison supplémentaire pour Jean-Philippe et Akémi d’apprécier leur séjour en Bretagne. Rafraîchissant.
Source: Le Télégramme